Cinema Improbable

La Belle et la Bête

Notation 3,5/10

La Belle et la Bête est un film fantastique écrit et réalisé par Christophe Gans en 2014. Il s'agit d'une adaptation contemporaine du conte La Belle et la Bête de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve.

Avec un budget de 35 millions d'euros, le film a tout juste réussit à être rentable. Il dure 110 minutes.

Synopsis : Selon le réalisateur lui-même, l'objectif du film était de repartir du conte original en essayant d'effacer de la mémoire des gens l'adaptation de Walt Disney, bien ancrée dans l'inconscient collectif.

L'histoire du film est racontée à la manière d'un conte de fées par un narrateur extérieur et débute par le traditionnel "il était une fois". Toutefois le film prend immédiatement de grandes libertés par rapport au conte original, à savoir un riche marchand qui se retrouve soudainement ruiné par un mauvais coup du sort et se voit contraint d'emménager avec sa famille à la campagne. Mais en revenant une fois de la ville où il cherchait l'un de ses fils, le marchand va se perdre dans la forêt à cause d'une tempête de neige et tombe sur un château a priori abandonné... Une fois s'être impunément restauré, le marchand s'amuse à cueillir l'une des nombreuses roses qui ornent les alentours du château ; mal lui en pris car la Bête surgit devant lui et réclame sa vie en échange de celle de la rose, sans quoi il tuera sa famille.

Rentré chez lui le marchand se voit contraint de cracher le morceau à sa famille, mais la plus jeune de ses filles, Belle, décide en secret de prendre sa place au château de la Bête pour sauver son père. Désormais prisonnière, Belle doit subir les journées monotones du château entre les dîners avec son hôte où elle balance son quota de banalités, et explorations dans le château pour tenter d'en apprendre plus sur son geôlier. Ses recherches ne servent pas à grand chose étant donné que Belle visualise le passé de la Bête dans son sommeil.

A l'inverse du conte, ici la Bête en question pratique une séduction romantique beaucoup plus agressive tandis que Belle se rebelle sans arrêt et se montre de plus en plus dégoûtée. Jusque là tout va bien mais par la suite le réalisateur a dû oublier un épisode, car après une légère baignade forcée dans la glace, voilà que nos deux personnages sont soudainement fous amoureux l'un de l'autre et sans le moindre coup de semonce !

Belle obtient finalement le droit de revoir une dernière journée sa famille, mais non seulement cette dernière se fout de la revoir mais ses frangins poussent le vice jusqu'à trahir Belle en allant au château de la Bête pour piller ses richesses. Du coup la fin part vraiment en WTF avec Belle qui découvre la vérité sur le passé de la Bête (il aurait tué une biche qui était une nymphe et en plus sa propre femme, du coup le dieu de la forêt l'aurait puni et changé en monstre jusqu'à ce qu'une autre femme veuille de lui) et les bandits qui se font défoncer la gueule par la Bête aidée de ses fidèles géants des montagnes (pourquoi pas) ; le chef des méchants réussit tout de même à poignarder la Bête, mais Belle la guérit en lui disant qu'elle l'aime et tout rentre dans l'ordre ! La dernière scène est typique d'un conte de fées, on cultive la terre avec ses enfants et tout va bien dans le meilleur des mondes !

 

Réalisation : Le réalisateur est donc le brave Christophe Gans, auteur de l'un de mes films français fétiches, Le Pacte des Loups ; malheureusement ici le résultat n'est pas le même. Christophe voulait apparemment apporter dans son film une touche contemporaine relative aux problématiques de la société actuelle, à savoir l'écologie, les classes sociales, la crise économique, que l'on peut apercevoir à travers l'histoire de la chute du marchand ; très bonne initiative de la part de Christophe, mais qu'est ce que ça fout dans un remake de conte de fées ?

On sent que le film a bénéficié d'un budget assez conséquent quand on est confronté aux nombreuses scènes bourrées d'effets spéciaux. Toutefois ces derniers ne sont pas non plus éblouissants et les images de synthèse se repèrent trop facilement.

Le cadre enchanteur est par contre bien respecté, notamment au niveau des décors et des costumes qui rappellent le côté magique du conte de fées, avec des scènes quasiment surnaturelles et des créatures fantastiques.

Globalement le montage est correct, quoiqu'on pourra déplorer de nombreuses scènes inutiles qui viennent parasiter le scénario ; 30 minutes d'introduction qui ne servent à rien, 30 minutes de scène finale qui partent en live, plus 20 minutes de flashback, du coup il reste plus grand chose pour l'intrigue du film !

 

Bande-son : Les musiques sont composées par Pierre Adenot, qui a déjà quelques films français (que je ne connais pas) à son actif. La bande-son est assez représentatives d'un conte de fées avec un esprit enchanteur et mystérieux, ponctuée par quelques sons dramatiques pendant les séquences de pseudo-suspense. Bref ça colle plutôt bien à l'action (si on peut parler d'action) à part les murmures incessants des espèces de lucioles qui tapent sur le système.

 

Jeu des acteurs/Personnages : Un casting des plus improbable, à commencer par le brave Vincent Cassel qui joue ici la Bête mi-lion mi-gros chat, une Bête un peu vicieuse qui s'amuse à épier Belle dans son sommeil. Quant à Belle justement (Lea Seydoux), elle est ici plus capricieuse et égoïste que dans le conte et joue véritablement le rôle de l'enfant gâtée. Après elle se laisse séduire par la Bête après l'avoir vue déchiqueter à grands coups de dents un animal (chacun son délire).

De façon générale le jeu d'acteur reste assez limité, les acteur restent assez stones et sont trop superficiels pour être pris au sérieux.

 

Conclusion : Une adaptation cinématographique qui suit le conte dans les grandes lignes avec toutefois quelques libertés qui créent une confusion dans le scénario ; certes l'aspect enchanteur est préservé, mais au détriment de l'histoire avec une Belle et une Bête qui sont fous l'un de l'autre alors qu'aucun élément suggestif n'est montré au spectateur. Le film passe donc à côté de l'essence même du conte, qui est à l'origine l'attirance mutuelle entre deux êtres que tout semble opposer et au détriment des apparences. Je suis sûr que Christophe Gans était plein de bonnes intentions en réalisant ce film, toutefois le résultat est assez brouillon ; il nous avait habitué à mieux avec Le Pacte des Loups !